Communiqué de presse :
Une étude publiée ce mois-ci sur le site de la revue scientifique Fish and Fisheries(1), confirme l’impact de la pêche sur les ressources et les écosystèmes marins européens et met en évidence les tendances les plus récentes. L’équipe internationale conduite par Didier Gascuel, professeur à Agrocampus Ouest (Rennes), a analysé l’impact de la pêche européenne sur les ressources marines et sur l’état de santé des écosystèmes. L’étude retrace les évolutions à long terme, depuis les années 1950, et couvre sept grands écosystèmes européens, de la mer Baltique à la côte Ibérique, en passant par la mer du Nord et le golfe de Gascogne. C’est la première synthèse globale conduite à cette échelle, prenant en compte l’ensemble de données de pêche et des observations issues des navires océanographiques européens.
En résumé, l'étude montre :
- - Que la surexploitation des ressources halieutiques a débuté à la fin de la seconde guerre mondiale, pour atteindre un sommet à la fin des années 90.
- - A partir des années 70, la surexploitation se généralise, les pêcheurs réagissent en cherchant de nouvelles espèces et en augmentant leur effort de pêche. Cette fuite en avant entraine une diminution de la productivité des écosystèmes. Résulat : les captures totales sont en forte diminution. Elles ont été divisées en gros par deux depuis les années 70, revenant aujourd’hui aux niveaux de la fin des années 50.
- - Cette fuite en avant a conduit à une destructuration en profondeur de la structure des écosystèmes. Les poissons prédateurs sont en forte régression et les biomasses totales sont en diminution. Globalement, les écosystèmes deviennent moins productifs et plus instables.
- - Les mesures de gestion ont permis à certains stocks de se reconstituer de façon spectaculaire (comme le merlu ou la plie de Mer du Nord). Mais à l’inverse, d’autres espèces restent au plus bas, par exemple la sole du golfe de Gascogne ou la morue de mer du Nord. Globalement les abondances ne remontent guère. Et surtout, la structure des écosystèmes reste perturbée avec des indices de productivité et de diversité qui n’enregistrent aucune amélioration significative.
- - Il est surprenant de constater que beaucoup de stocks ne se reconstituaient pas, ou peu, malgré une diminution très sensible de la pression de pêche. Et il y a à cela une explication assez inquiétante. Notre étude a montré que le nombre de jeunes poissons issus chaque année de la reproduction des différents stocks a été divisée en moyenne par deux, depuis 20 ans".
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- "Il est vraisemblable qu’elle résulte pour partie de la très forte surexploitation qu’ont connu les stocks européens, avec une quasi disparition des grands géniteurs les plus féconds" précise Didier Gascuel. "Mais d’autres facteurs doivent aussi être pris en considération, notamment une possible baisse de productivité de la chaine alimentaire liée au changement climatique, ainsi que la dégradation d’habitats côtiers qui sont essentiels dans le cycle de vie de certaines espèces".
Lire l'étude : http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/faf.12090/abstract
Fishing impact and environmental status in European seas: a diagnosis from stock assessments and ecosystem indicators. Didier Gascuel, Marta Coll, Clive Fox, Sylvie Guénette, Jérome Guitton, Andrew Kenny, Leyla Knittweis, J Rasmus Nielsen, Gerjan Piet, Tiit Raid, Morgane Travers-Trolet and Samuel Shephard