Heureusement, de nombreux pêcheurs se sont manifestés pour nous soutenir, que ce soit par un simple message, un petit coup de main sur la communication, ou encore pour nous accueillir à leur bord afin de rencontrer d’autres pêcheurs et ainsi mieux comprendre les différentes facettes de la pêche de loisir, comme l’a fait Nicolas Huguet, guide de pêche en Vendée (vendée-pêche-passion) et parmi les premiers à nous avoir soutenu.
Guide de peche, la passion avant tout
Nicolas, comme bien d’autres guides, a la mer dans le sang. Bien entendu, il pêche depuis qu’il est tout petit et il a forgé une grande expérience de marin au fil des années.
Après 10 ans passé dans l’industrie de la plaisance, le besoin de vivre sa passion au jour le jour est le plus fort et il s’installe en 2011 comme moniteur guide de pêche en Vendée, naviguant entre Les Sables d’Olonne, Saint-Gilles Croix de Vie et Brétignolles sur mer. Il accueille ses clients à bord de son bateau mais également en kayak de mer ou en pêche du bord. Selon lui, la pêche en kayak est un très bon compromis entre le bateau et la pêche à pied. Elle permet d’accéder à des postes de pêche en pleine eau, mais en ayant une approche extrêmement discrète, sans bruit de moteur et donc, sans carburant !
Mais ce n’est pas tout, Nicolas cumule plein d’autres métiers. Il est également moniteur de Stand-up paddle et de wave ski (un kayak conçu pour surfer) et tient un bar à huitre avec quelques amis à Brem sur mer : http://www.lacabane-brem.fr/
Devenir guide de pêche ne s’improvise pas. Il faut obtenir différents diplômes tels que le Brevet Professionnel de Moniteur-Guide de Pêche de Loisirs et une formation complémentaire spécifique à la pêche en mer. Mais ce qui distingue véritablement un bon guide de pêche, c’est son approche pédagogique. Et sur ce point, Nicolas est un expert. Comme il le dit lui-même, « même en vacances, mon plaisir c’est de faire pêcher les autres ».
Accueil à bord du pneumatique semi-rigide « Northstar « , un bateau particulièrement confortable
Un bateau très marin doté d’un équipement électronique hyper performant.
Une pêche sportive respectueuse de la nature
Nicolas commence la sortie par un briefing sur les règles de sécurité et la philosophie pratiquée à bord en matière de pêche responsable. Quelques explications.
On pratique ici le principe de la « double maille » : les bars de moins de 42 cm, la taille minimale légale et ceux de plus de 70 cm sont systématiquement remis à l’eau. Pourquoi ? Préserver les juvéniles est nécessaire afin de permettre au plus grand nombre d’entre eux d’atteindre la taille adulte et permettre au stock de bars de se rétablir. Quant aux vieux individus, ces derniers sont très importants dans la structure démographique d'une population car ce sont des géniteurs très féconds, et leur patrimoine génétique est précieux pour maintenir une diversité génétique et notamment des caractères spécifiques à l'atteinte de poids importants.
Seulement un ou deux poissons peuvent être conservés par pêcheur, pas plus. Nicolas incite également les pêcheurs à préserver au maximum le « capital énergétique » du poisson. Ainsi, il déconseille de ferrer et de prolonger le combat afin de ne pas épuiser le poisson, ce qui compromettrait ses chances de survie.
Premier bar franc pris au leurre de surface
Le poisson est remonté à bord le plus délicatement possible, à l’épuisette et en le saisissant par la bouche pour éviter qu’il ne s’agite et perde des écailles. Il est ensuite mis le plus rapidement possible au vivier avant d’être relâché à l’écart de la zone de pêche pour éviter de perturber les autres poissons, ce qui pourrait compromettre la partie de pêche.
Chaque poisson est délicatement déposé dans le vivier intégré au bateau
Et même les oiseaux ont droit à un peu d’attention : puffins, sternes, labbes, fous, goélands, mouettes … Nicolas sait aussi faire le guide ornitho. Peut-être pas sans arrière-pensée ? Et oui, les oiseaux sont parfois de précieux guides pour le pêcheur…
Nous aurons même droit aux conseils pour éviter d’accrocher des goélands juvéniles : ouvrir le pick-up, laisser l’oiseau filer avec le leurre et attendre qu’il réalise son erreur (enfin, si tout se passe bien…).
Une connaissance parfaite des zones de pêches et du poisson
Un guide de pêche se doit aussi de connaitre sur le bout des doigts ses zones de pêche et la façon dont elles évoluent en fonction de la marée, de la météo etc. Il doit ainsi savoir à quel endroit et à quel moment de la marée le poisson est le plus susceptible de mordre. Il faut connaitre les zones d’accélération du courant, propices aux chasses des bars, savoir choisir la technique la plus adaptée dès que le courant de marée faiblit et que le comportement du bar change etc. Mais trouver le poisson peut cependant s’avérer compliqué. Ces derniers jours, des blooms de plancton donnent à l’eau une couleur fluorescente, où le poisson ne mord plus….
Et bien entendu, il doit parfaitement connaitre les différentes techniques qui permettront de le capturer !
Nous en pratiquerons principalement deux :
Une pêche au leurre de surface, technique permettant de déclencher des attaques réflexes des bars défendant leur territoire.
Et une pêche au leurre souple, en évoluant très près du fond, ce qui permet de taquiner les bars un peu endormis qui ne sont pas vraiment enclins à monter pour attaquer les leurres de surface.
Les grandes plages de Vendée sont un terrain de jeu fabuleux pour traquer le bar franc mais aussi le bar moucheté, très présent ce jour-là.
Le premier bar sera pris par Charley, jeune pêcheur passionné venant de Montpellier.
Et le deuxième par Pascal, un habitué des lieux mais plutôt pêcheur en eau douce.
Fin de journée, la mer a forci, un bon grain a rincé tout le monde, mais la concentration reste maximale !
Une ressource en baisse
D’après Nicolas, le bar s’est bien raréfié depuis plusieurs années. Bien sûr, il s’en prend toujours, comme nous l’avons vu aujourd’hui, mais les beaux poissons et même les chasses de bar se font plus rares, d’après lui.
Le bar semble également plus sensible à l’environnement. Qu’un bateau passe à toute vitesse à proximité du spot et le poisson est dérangé et il faut en général au moins 30 minutes avant de pouvoir espérer en capturer un à nouveau.
De même, il était possible auparavant de rejeter le poisson à l’eau directement après sa capture. Dorénavant, il est nécessaire de le conserver en vivier avant de le relâcher afin de ne pas effrayer ses congénères.
Nicolas déplore que le bar connaisse un tel succès. Malheureusement il y a une très forte demande des clients pour aller chercher le bar alors que de nombreuses autres espèces sont également très intéressantes à pêcher.
Un autre acteur rend la situation plus difficile encore. Depuis quelques années, les fileyeurs calent leurs filets, parfois long de plusieurs dizaines de kilomètres, très près des côtes. Ils barrent ainsi la côte sur de très grandes distances et empêchent les poissons de circuler entre le large et le rivage. Cette arrivée des fileyeurs à la côte coïncide avec le développement d’une nouvelle technique de pêche professionnelle très efficace, la senne danoise, un chalut de fond pratiqué presque exclusivement par les pêcheurs des Sables d’Olonne. Les chalutiers senneurs, en pêchant sur les zones auparavant occupées par les fileyeurs, les auraient contraints à se déplacer et à chercher le poisson plus près de la côte…
Une pression croissante qui dénote grandement avec l’esprit de la pêche plaisance pratiquée et préconisée par Nicolas Huguet : pratiquer une pêche sportive, orientée essentiellement vers le plaisir, en limitant les prélèvements sur les ressources halieutiques. Souhaitons donc bonne continuation à Nicolas et de nombreux clients passionnés !